Incorrigibles clichés
Incorrigibles clichés
Si le Français a droit à sa baguette sous le bras et son béret sur la tête, le Québécois n’est pas en reste avec sa hache de bûcheron et sa chemise à carreaux. Retour, avec le sourire, sur quelques clichés qui touchent la patrie des Cowboys Fringants .
Bienvenue à « Poutineland » ?
Fort heureusement pour leur silhouette et leur système digestif, les Québécois consomment occasionnellement – et même jamais pour certains – de la poutine, au passage très appréciée pour éponger une soirée trop arrosée. On rappelle que ce plat typique, en tout cas pour la formule de base, se compose de frites et de fromage en grains [fade, et qui fait « skouick-skouick » quand on le mâche], le tout nappé d’une sauce brune. Les déclinaisons ne manquent pas, avec notamment une version au foie gras pour les plus téméraires. Avis aux amateurs : un festival est consacré à la poutine chaque année à Drunmondville.
Le Montréal « six feet under »
On fait référence ici à la « fameuse » ville souterraine de Montréal. Il s’agit plutôt d’un réseau souterrain. Unique au monde de par sa grandeur, il relie une kyrielle de boutiques, de bureaux et de restaurants, mais aussi des salles de spectacles, des universités, des stations de métro ou encore des gares de trains. Une course de 5 km y est même organisée chaque année, au mois de février. Cela étant dit, les Montréalais ne sont pas des taupes et ce vaste lacis piétonnier ne recouvre pas la totalité de la ville, comme on l’entend parfois.
La chemise de bûcheron
Incontournable dans les boutiques de souvenirs, la fameuse chemise « carreautée » l’est beaucoup moins sur les épaules de nos cousins nord-américains, dont la garde-robe est fort heureusement plus étoffée. En clair : elle est au Québécois ce que le béret est au Français. Un symbole encombrant !
Le côté Bisounours des Québécois
C’est vrai que dans les yeux d’un touriste, les Québécois sont des personnes adorables. Ils ont l’hospitalité dans le sang, mais de là à les réduire à des Bisounours, ce serait presque insultant. Si vous frappez l’un d’eux sur la joue gauche, il ne va pas tendre la droite. Leur gentillesse a ses limites et ils ne sont pas, eux aussi, sans travers ni défauts. Des gens comme les autres, en somme.
Une scène musicale réduite à ses exportations
Mettons les points sur les « I » une fois pour toutes : la scène musicale québécoise ne se résume pas aux Garou, Isabelle Boulay, Linda Lemay, Robert Charlebois, Céline Dion et autre Roch Voisine, qui ont connu du succès en France. Et tous ses représentants ne sont pas dotés de cordes vocales capables de cisailler une coupe de champagne.
La richesse artistique du Québec se constate notamment lors des nombreux festivals qui rythment la province durant l’année, en particulier l’été, véritable feux d’artifice de styles et de découvertes.
Mon pays, c’est l’hiver
Si l’on se fie à certains reportages diffusés en France, l’hiver au Québec, c’est long, très long, presque autant qu’une grossesse. Rassurez-vous, les autres saisons ont aussi leur mot à dire, même si le froid et la neige s’agrippent à certaines régions plus qu’à d’autres, ce qui peut donner l’impression que l’hiver s’éternise. Quoi qu’il en soit, vous pourrez goûter au printemps (qui passe comme un coup de vent), à l’été (avec ses canicules) et à l’automne, dont le déploiement de couleurs dans les arbres reste un plaisir inoxydable.
Parenthèse : l’hiver chez les cousins, c’est pas le Pôle Nord non plus, avec notamment les effets du réchauffement climatique qui se font sentir. Le -30 tous les jours, c’est juste un fantasme. Il s’agit plutôt d’épisodes de froid extrême [avec l’incontournable et détestable refroidissement éolien], qui interviennent généralement en janvier et février. On les reconnaît à la glace qui apparaît sur les fenêtres et aux poils des narines (ou de la moustache) qui donnent l’impression qu’ils vont se briser.
Les Québécois se déplacent en chien de traîneau et en motoneige
Très pratiques en hiver, ces modes de transport très prisés des touristes ont heureusement été supplantés par la voiture. Idem, au passage, pour les igloos, qui ont laissé place il y a bien longtemps au Québec à des habitations moins spartiates.
Do you speak québécois ?
Il est déjà arrivé qu’on me demande lors de mes visites en France si je parlais couramment québécois. Je réponds alors en souriant que oui, je suis bilingue. Plus sérieusement, nous parlons la même langue, même si certains mots ou expressions en vigueur au Québec pourraient laisser penser le contraire.
Petite parenthèse qui a son importance : n’oubliez jamais qu’au Québec, c’est vous qui avez un accent, et non l’inverse.
Le poids du sacre
On emploie souvent à tort et à travers les jurons québécois, communément appelés « sacres » outre Atlantique. On ne résiste pas à la tentation de les reprendre à son compte, avec une tentative d’accent québécois qui laisse souvent à désirer. Sachez que si ces gros mots paraissent amusants ou folkloriques à vos oreilles, ils le sont beaucoup moins dans celles de vos interlocuteurs, lesquels auront souvent l’élégance de cacher leur agacement. En revanche, vous pourrez abuser du « putain » français, sans risquer une remontrance !
Tutoyer à tout crin
C’est vrai que le tutoiement a la cote au Québec, avec pour effet de faire fondre la glace dans une société où les rapports humains sont moins hiérarchisés qu’en France. S’il participe à la coolitude attribuée aux Québécois, il doit cependant être utilisé avec un minimum de bon sens. Certains situations ou contextes exigeront en effet d’avoir recours au vouvoiement, qui sera apprécié à sa juste valeur. Mieux vaut, parfois, comme on dit au Québec, « se garder une petite gêne ».
Olivier Pierson.