NATHALIE FERRERAS, AVOCATE
Trois questions à…
Nathalie Ferreras, avocate en droit des affaires et de l’immigration,
fondatrice du cabinet Jurisvision
Comment la crise sanitaire a-t-elle impacté les procédures d’immigration au Québec ?
Pour la plupart des permis de travail, les délais de traitement des demandes ont été considérablement rallongés car les agents d’immigration travaillaient à domicile : entre mi-mars et début septembre, les dossiers papier ont ainsi été mis de côté parce que les agents ne pouvaient tout simplement pas se rendre au bureau…
Ils sont en train de reprendre l’examen de ces demandes, mais beaucoup de retard a été accumulé.
Par contre, pour certaines catégories de métiers, notamment dans la santé et l’alimentaire, la crise et la pénurie de main-d’œuvre ont fait accélérer les procédures : des permis de travail ont pu être délivrés en quelques semaines, au lieu de 6 à 8 mois précédemment.
Pour ce qui est des permis d’études, tout est bloqué depuis le 18 mars et seuls ceux qui ont obtenu leur lettre d’invitation avant cette date ont pu venir au Canada.
Un système de pré-admissibilité a été mis en place afin de permettre de commencer son cursus depuis son pays d’origine, mais ce n’est pas possible pour les formations professionnelles…
La situation risque de durer tant que les frontières ne rouvrent pas (leur fermeture a été prolongée jusqu’au 31 octobre) ou que les critères d’exemptions ne sont pas revus.
Quel est l’état d’esprit des candidats à l’expatriation que vous conseillez ?
Ils sont anxieux, bien sûr, et ils ne comprennent pas toujours pourquoi le gouvernement canadien impose toutes ces règles strictes, alors qu’en France, notamment, les directives ne sont pas les mêmes.
Je sais que c’est compliqué pour certaines personnes qui avaient démissionné et vendu leur maison et qui sont en attente depuis plusieurs mois.
Je leur recommande de s’armer de patience, de reprendre un emploi et une location de courte durée et de se projeter en septembre 2021, par exemple.
Les frontières vont finir par rouvrir et je pense qu’une fois qu’on sera sorti de cette crise, les autorités vont accélérer les processus car les besoins en main-d’œuvre au Québec seront criants.
Indépendamment de la pandémie, quelle est, à votre avis, la bonne stratégie à adopter quand on rêve de s’installer au Québec ?
Déjà, c’est un projet qu’il faut envisager à moyen-long terme, et avoir conscience que la démarche exige flexibilité et persévérance.
Les études peuvent être une bonne porte d’entrée (quel que soit son âge) car cela permet d’obtenir un diplôme québécois et un permis post-diplôme.
Pour immigrer en famille, c’est aussi très intéressant car le conjoint a droit à un permis de travail ouvert.
L’autre voie à explorer est celle des permis de travail temporaires : pour trouver un emploi, tournez-vous vers des plateformes comme celles du Mois du Québec qui mettent en relation employeurs et candidats.
Les Français sont très recherchés au Québec car ils ont la réputation d’être très bien formés, sans compter que la connaissance de la langue permet de mieux s’intégrer.
Mais attention ! Si nos cultures sont proches, elles sont loin d’être similaires, et il est indispensable de bien se préparer au choc…