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LA FeTE DU CANADA...ET DES DEMENAGEURS

LA FÊTE DU CANADA…ET DES DEMENAGEURS

La fête du Canada… et des déménageurs 

 

 

Crédit Photo : Claude BOUCHER

 

 

 

Au Québec, le 1er juillet est synonyme de déménagement. On devrait d’ailleurs accoler un éphéméride à ce jour singulier. La Saint-Déménagement est un phénomène social qui a déjà donné lieu à bien des reportages sur des chaînes étrangères. Sans aller jusqu’à l’étonnement béat, il faut reconnaître que cette coutume intrigue – ou amuse – toujours la première fois. 

Même si cette pratique tend à s’essouffler avec le temps, elle demeure encore symptomatique d’une tradition bien ancrée. En 2016 par exemple, on estimait à environ 67 000 le nombre de personnes qui avaient emballé et déballé leurs cartons, ce qui représentait près de 12% des déménagements de l’année. Pour les locataires, qui restent majoritaires dans les grandes villes, cette date coïncide avec le renouvellement des baux. Elle entre aussi en collision avec la fête nationale du Canada. Tiens donc… 

Pour en avoir discuté avec plusieurs Québécois, il ne fait aucun doute que cette journée du déménagement ressemble à un pied-de-nez, voire un beau bras d’honneur adressé au reste du pays. Dans la bouche de certains, cette tradition a des relents politiques, puisqu’on prétend que la population manifeste ainsi son indifférence à l’égard de la fête du Canada, qui devient un simple jour de congé dans la patrie des Cowboys Fringants. Il y a du vrai dans ces allégations, car il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer que la fête nationale canadienne est moins courue au Québec que celle de la Saint-Jean Baptiste, son équivalent québécois, qui est célébré avec faste le 24 juin. Le 1er juillet, les drapeaux unifoliés se font discrets dans la province. Et si vous demandez à un Québécois, surtout s’il a du sang souverainiste dans les veines, de vous chanter l’hymne canadien, vous avez autant aller chercher les paroles sur Internet. 

 

 

Crédit Photo : Tribunal administratif du logement 

 

 

 

Tout ça pour dire que le 1er juillet reste pour moi l’exemple frappant de ce qu’on a coutume d’appeler ici « les deux solitudes ». Un pays, deux peuples. Une mère, un enfant agité. Quand le Canada se gratte, le Québec n’est jamais très loin. Tous les prétextes sont bons pour afficher sa différence, à commencer par un déménagement en apparence anodin, qui peut être interprété comme une métaphore de l’identité québécoise dans sa version indépendante. Cette frange de la population qui rêve un jour d’emménager dans un logement dont elle serait propriétaire et non plus locataire. 

Reste à savoir si la souveraineté, si volatile et versatile, se fixera un jour dans le marbre de la réalité locale. La sédentarité, on le sait, n’est pas l’apanage des idéaux, plus habitués à errer dans les pensées. 

 

 

Olivier PIERSON.